Sigmund Freud
(1856- 1939)
Sa vie
Sigmund Freud naît le 6 mai 1856 à Freiberg en Moravie. Ses parents s'installent à Vienne où il résidera jusqu'en 1938, avant d'émigrer à Londres. Il fait de brillantes études médicales et biologiques mais doit renoncer à la carrière universitaire en raison de ses revenus modestes et de son origine juive. Il ouvre un cabinet médical et s'intéresse de plus en plus aux troubles psychiques. Il découvre l'hypnose avec Charcot à Paris. A partir de 1895, il élabore la théorie psychanalytique en travaillant sur les rêves, l'importance de la sexualité dans la formation des névroses et les possibilités thérapeutiques de l'association libre.
Ses théories
Freud n'a analysé qu'un seul enfant, le petit Hans...et encore, par l'intermédiaire du père de celui-ci ! Il estimait que la psychanalyse des enfants était non seulement impossible mais dangereuse. C'est en psychanalysant des malades adultes que Freud a découvert des événements traumatisants ou des difficultés relationnelles lors des premières années de la vie. Selon Freud, toute la genèse de la personnalité s'explique en fonction du développement de la pulsion sexuelle, ou libido. Il fit scandale en son temps lorsqu'il parla de "sexualité infantile" et décrivit les stades libidinaux : le stade oral (de la naissance à 12-18 mois), le stade anal (de 18 mois à 4 ans), le stade phallique (génital) et le complexe d'Œdipe (de 4 à 6 ou 7 ans).
Le terme de "sexualité infantile" n'a pas été compris dans le grand public qui ne connaît que la "sexualité génitale". En réalité, pour Freud, la sexualité infantile n'est pas la réalisation directe d'une activité sexuelle comme l'entendent les adultes. Il s'agit plutôt de la recherche du "plaisir". Tout individu, quel que soit son âge, est à la recherche du plaisir et cherche à satisfaire ce besoin en utilisant l'une ou l'autre partie de son corps ou de son environnement. Freud définissait la sexualité infantile par "tout ce qui concerne les activités de la première enfance en quête de jouissance locale, que tel ou tel organe est susceptible de procurer".
Le stade oral (de la naissance à 12-18 mois)
Au cours des premiers mois, la bouche est le lieu essentiel des sensations de plaisir de l'enfant. Le bébé éprouve le plaisir de téter le sein ou le biberon. Puis, il commence à sucer son pouce. En fait, la zone érogène est constituée du carrefour aéro-digestif et par extension, des organes sensoriels de la peau. L'objet original du désir est le sein maternel qui provoque "la satisfaction libidinale étayée sur le besoin physiologique d'être nourri".
Vers 8-10 mois, l'activité orale devient plus vigoureuse et plus agressive. En effet, à cette époque, peut se manifester chez l'enfant une certaine agressivité (refus de la nourriture) qui peut être aggravée par celle de la mère (gavage intensif). C'est l'âge aussi où l'enfant mord ses parents ou d'autres enfants. C'est par la bouche que l'enfant entre en contact avec le monde extérieur.
Le stade anal (18 mois à 3 ou 4 ans)
Vers 18 mois, l'enfant prend conscience de la défécation. La zone érogène est la muqueuse anorectale et, par extension, tout l'intérieur du corps. L'objet de la pulsion est le boudin fécal. C'est un objet d'échange car le but pulsionnel n'est pas seulement l'expulsion mais le jeu ambivalent d'expulser et de retenir. Cette expérience est fondamentale ; l’enfant est très intrigué par ces sensations et ce produit qui était lui, qui sort de lui, et qu'il peut offrir à sa mère.
Au début du stade anal, l'enfant n'éprouve aucun dégoût pour ses excréments. Il joue avec, y met les mains et peut en souiller les murs. Ce plaisir pris à "retenir-évacuer" explique les longues et interminables séances de pot, si fréquentes à cet âge. L'entourage lui apprend que c'est sale, à jeter, ne pas toucher... Freud estime que c'est à cet âge qu'apparaissent les sentiments agressifs de l'enfant avec les notions de propriété privée, de pouvoir, de contrôle, de maîtrise et de possession. Toute possession d'objet est finalement assimilée à la possession la plus primitive : celle des matières fécales.
En même temps, s'installe le but passif d'accession au plaisir par des expériences douloureuses : le masochisme. Les perturbations à ce stade peuvent avoir des conséquences ultérieures graves :
L'excès de liberté serait à l'origine d'un laisser-aller moral ;
L'excès de zèle ou l'excès de rigueur entraînerait le fanatisme, le culte excessif de l'ordre, le mépris des "êtres inférieurs".